uvres instrumentales et vocales volume 2 ARION 68321 (1995) Ange foudroyé (à 29 ans) au dernier acte d'une "drôle de guerre" virant d'un coup à l'apocalypse, Jehan Alain est mort bien avant d'avoir donné sa mesure. Et pourtant, l'uvre qu'il a laissé touche, pleine d'imagination, à bien des genres. C'est cet aspect manteau d'Arlequin que ce volume 2 privilégie, grâce à un parcours coloré et mobile : une guirlande d'uvres inspirées et fluides où les dons éclatants du mélodiste, entre autres, coulent de source, harmonieusement. Première vertu : la facilité, mais maîtrisée par une grâce et une intelligence aiguë de l'écriture, une intuition de la formule heureuse qui, d'entrée fleurit dans Laisse les Nuages Blancs, sur un texte un peu mièvre du gentil Francis Jammes. Plus loin, la Prière pour nous autres Charnels, pour ténor, basse et orgue laisse parler une poésie très personnelle, au gré d'un cheminement intimement accordé au lyrisme répétitif et désabusé de Péguy. Et c'est la même impression de spontanéité frémissante, et la pudeur aussi, qui prévaut dans la Messe de Requiem, si translucide, si parlante dans sa polyphonie modale inspirée du grégorien (et magnifiée par la version a capella retenue ici); ou encore dans les deux Noëls savoureusement transposés de la piété populaire, tandis qu'une rare émotion vibre dans la Sarabande pour orgue, quintette à cordes et timbales. A cet album fait d'un foisonnement d'humeurs (seul l'orgue solo, où le sens modal et rythmique de Jehan Alain triomphe, n'est pas représenté), il fallait un collectif, disons de solistes, un collectif où chacun fût en fait un miniaturiste. George Guillard conduit les pages chorales (participation sensible de la Camerata Saint-Louis) avec toute la ferveur et l'intériorité souhaitable et sait communiquer cette passion aux autres intervenants, qu'ils soient chanteurs ou instrumentistes. Pour imposer mieux qu'un portrait l'image d'une musique qui dit sa foi dans l'homme et dans l'au-delà et dont la palette de timbres et de candeur virgilienne d'une flûte solo (Monodie) au tressaillement impressionniste d'une voix (suave Delphine Collot dans Laisse les Nuages Blancs) propose toujours un paysage, qu'il soit naturel ou de l'âme. Note Artistique : Diapason d'Or |