Préface

Cette œuvre, si neuve dans son essence comme dans ses moyens, poétique par ses racines, mystiques par son âme, comment lui assigner une place dans la production contemporaine ? On ne peut classer que par analogies, ce qui revient à dire que les novateurs ne sauraient être classés. Alain est-il, comme la plupart de ses contemporains, un fils spirituel de Fauré, Debussy ou Ravel ? En qualité d'organiste, procède-t-il de Vierne, Dupré ou Tournemire ? Peut-on le comparer à Messiaen, Honegger ou Poulenc ? Je n'aperçois aucun lien, même tenu. Jehan est un superbe isolé : lui qui n'aimait pas que les autres le fussent, il a dû consentir à être seul — génie oblige.

Sans doute pourrait-on caractériser sa place par la nature et l'importance des trouvailles dont il a enrichi la musique française et surtout la musique d'orgue. Il y a là un travail morose qui pourra tenter quelque bénédictin. Mais pourquoi étiqueter à tout prix ? A quoi bon distribuer des notes et des médailles, doser des influences ? La valeur d'une œuvre se mesure à sa faculté de rayonnement.

(extrait du chapitre 10 : l'œuvre)

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© Bernard Gavoty